2/9/09

Sade, ou le plus athée des athées

24.08.09, L´HUMANITÉ (FR). La Révolution le reconnaît comme l’un des siens, s’enthousiasme devant la liberté de son esprit et l’éclat de sa conversation, adhère à son désir de vouloir un État communiste d’où tous les prêtres seront impitoyablement bannis, et partage avec lui le souci de maintenir la souveraineté du peuple contre le risque toujours présent de sa confiscation par ses représentants. Citoyen à la section des Piques, il en devient le secrétaire en 1792, puis le président de séance en 1793, et rédige, à ce titre, les pétitions les plus antireligieuses jamais écrites de mémoire d’homme. C’est de cet athéisme furieux, c’est de cette conspiration de Sade contre Dieu lui-même, que je voudrais parler. Car le scandale que constitue cet athéisme me semble aussi subversif, aussi menaçant, aussi inadmissible, aussi générateur d’effroi pour la société, que le scandale lié à son oeuvre érotique, l’un et l’autre, du reste, étroitement accouplés, l’un et l’autre constitutifs d’une pensée souverainement insoumise, l’un et l’autre revendiqués dans la propre vie du marquis avec un courage et une détermination qui nous laissent pantois.

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